Saito Sensei, une vie auprès d’O Sensei

Entraînement sous la direction de O’ Sensei

Tiré de la version française du Volume 1 de la  série de livres Takemusu Aikido écrite par Saito Sensei en collaboration avec Stanley Pranin. (Traduction française : Daniel Toutain et Patrick Durand – Edition Budo Concept).

Reproduit ici avec l’autorisation spéciale de :

© Stanley Pranin -Aiki News et Budo Concept et d’Eric Savalli – aikidoblog.net

La vie à Iwama

Suite à sa défaite, le Japon était après la guerre une nation pauvre et humiliée, gouvernée par l’armée d’occupation. Morihei Ueshiba résidait, avec sa femme Hatsu, dans le petit village d’Iwama où il avait pris « officiellement » sa retraite en 1942.
Les Ueshiba menaient une vie frugale, cultivant du riz et élevant des vers à soie avec l’aide de quelques élèves internes et d’élèves de la région qui pratiquaient l’aïkido sous la direction du fondateur. M. Ueshiba avait atteint la soixantaine et possédait un physique puissant, résultat de dizaines d’années d’un dur entraînement.

Le dojo d’Iwama

Dégagé pour la première fois depuis longtemps des lourdes responsabilités d’enseignement, le fondateur put enfin poursuivre, de façon intense et sans interruption, son entraînement personnel ainsi que ses pratiques ascétiques. Bien que Morihei Ueshiba ait enseigné à des dizaines de milliers d’élèves avant la guerre, les conséquences du terrible conflit le coupèrent de presque tous ses anciens disciples.
La pratique des arts martiaux avait été interdite par l’État Major Général des Forces Alliées mais cette loi, inégalement appliquée même dans les zones urbaines, avait peu d’effets dans la campagne de la Préfecture d’lbaraki. Pendant ces premières années d’après-guerre, Morihei Ueshiba appela sa résidence de campagne « Aïki-En » (ferme Aïki) pour ne pas attirer l’attention sur ses activités martiales et par déférence pour l’interdiction décrétée par l’État Major Général.

Le jeune Morihiro SAITO

Morihiro Saito devant l’aiki jinja dans les années 50

Morihiro Saito était un jeune homme maigre de dix-huit ans lorsqu’il prit son courage à deux mains pour aller à la rencontre du fondateur pendant l’été 1946. Il était né le 3l mars 1928 dans un petit village situé à quelques kilomètres du dojo Ueshiba. Gamin japonais typique, le jeune Morihiro admirait les grands escrimeurs du Japon féodal, comme Matabe Gobo et Jubei Yagyu.
Avant et pendant la Seconde Guerre mondiale, un garçon japonais aurait été embarrassé de ne pas avoir la moindre notion de judo ou de kendo. Ces arts faisant partie du programme scolaire obligatoire, le jeune Saito avait choisi d’apprendre le kendo à l’école. Adolescent, Morihiro se mit au karaté dans le quartier Meguro de Tokyo où il travaillait alors. Son entraînement en karaté à Tokyo ne dura pas longtemps puisqu’il revint bientôt habiter dans la préfecture d’lbaraki pour travailler à la Société Nationale japonaise des Chemins de Fer. Morihiro Saito décida alors de se mettre au judo parce qu’il avait l’impression qu’il n’aurait rien à redouter dans un combat s’il connaissait à la fois le karaté et le judo. Le judo était adapté à une situation de corps à corps, tandis que le karaté semblait supérieur au kendo du fait qu’on y développait aussi les techniques de coups de pieds. M. Saito se souvient de ses premiers entraînements dans les arts martiaux et de sa déception concernant le judo :

  • “L’école de karaté était à peu près calme, mais le dojo de judo était comme un parc d’attraction avec des enfants courant de tous côtés. C’est une des raisons pour lesquelles je me suis lassé du judo. De plus, dans un combat, une personne peut donner un coup de pied ou frapper à tout moment et un pratiquant de judo n’a pas de défense contre ce type d’attaque. J’étais donc déçu par la pratique du judo. Une des autres choses qui me déplaisait pendant la pratique était que les élèves plus anciens projetaient les cadets, se servant d’eux pour leur propre entraînement. Ils leur permettaient seulement de faire quelques projections quand ils étaient bien disposés. Je les trouvais très égoïstes, arrogants et insolents.“

Cependant, le point de vue de Morihiro au sujet des arts martiaux allait bientôt subir une transformation capitale suite à une rencontre fortuite avec un vieil homme à la barbe blanche et fine qui, selon les rumeurs locales, pratiquait un art martial mystérieux.

La rencontre avec Morihei Ueshiba

Plusieurs années après, M. Saito décrit ainsi sa première rencontre décisive avec Morihei Ueshiba :

  • “Un vieil homme exécutait d’étranges techniques dans les montagnes près d’Iwama. Certains disaient qu’il faisait du karaté, mais un professeur de judo me raconta que son art s’appelait « Ueshiba-ryu judo« . J’avais peur de me rendre là-haut car j’éprouvais un sentiment très bizarre à propos de cet endroit qui m’effrayait. Ce lieu était étrange, mais je décidai avec certains de mes amis d’aller y jeter un coup d’œil. Cependant, mes amis eurent peur et ne vinrent pas au rendez-vous. Je fus donc le seul à aller voir O-Sensei (littéralement « grand professeur », une expression de respect utilisée par les aïkidoka pour faire allusion au fondateur). C’était la saison chaude et j’arrivai le matin pendant son entraînement…
    Minoru Mochizuki me montra l’endroit où O-Sensei s’entraînait avec quelques élèves. J’entrai ensuite dans ce qui est aujourd’hui la pièce de six tatamis du dojo. Alors que j’étais assis là, O-Sensei et Tadashi Abe (un des pionniers de l’aïkido en France) entrèrent. Au moment où O-Sensei allait s’asseoir, T. Abe plaça rapidement un coussin sous lui. Il se déplaça vraiment très vite pour aider O-Sensei.
    Sensei me regarda fixement et me demanda : « Pourquoi veux-tu apprendre l’aïkido ? » Lorsque je répondis que j’aimerais apprendre s’il m’acceptait comme élève, il rétorqua : « Sais-tu ce qu’est l’aïkido ? » Je ne risquais pas de savoir ce qu’était l’aïkido. Puis Sensei ajouta : « Je t’enseignerai comment être utile aux autres et à la société avec cet art martial. » J’étais loin d’imaginer qu’un art martial puisse aider les autres et la société. Je voulais juste devenir fort. Aujourd’hui je comprends ce qu’il voulait dire, mais cela n’évoquait rien pour moi à cette époque. Quand il affirma : « Au profit de la société et des gens », je me demandai bien comment cela était possible. Mais comme j’étais impatient d’être admis, je répondis à contrecœur : « Oui, je comprends. » Puis je pensai en mon for intérieur : « Eh bien, puisque j’ai fait le chemin jusqu’ici, autant apprendre quelques techniques. » Alors que je me tenais debout sur le tapis du dojo, relevant les manches de ma chemise, O-Sensei dit : « Viens me frapper ! » J’allai donc le frapper et je fus projeté. J’ignore si c’était kotegaeshi ou une autre technique, mais je fus projeté. Il me dit ensuite : « Viens me donner un coup de pied ! » Lorsque j’essayai de lui donner un coup de pied, il me fit tomber en douceur. « Viens me saisir ! » Je tentai de lui faire une saisie de judo et je fus de nouveau projeté sans savoir comment. Ma chemise et mon pantalon se déchirèrent. O-Sensei ajouta : « Viens t’entraîner si tu veux. » Sur ce, il quitta le tapis. Je poussai un soupir de soulagement à l’idée que j’étais accepté…“

L’entraînement à l’Aiki Dojo

Bien que M. Ueshiba ait accepté le jeune Saito comme élève, les anciens du dojo mirent sa résolution à rude épreuve. Morihiro Saito se souvient de tous les maux qu’il endura à ses débuts et à quel point il aurait préféré « se faire tabasser dans une bagarre ! » Une fois, pendant l’entraînement, il dut enlever un bandage protégeant une blessure pour éviter d’être tourné en ridicule. S’il montrait la moindre trace de souffrance sur son visage, ses aînés torturaient encore plus la partie douloureuse de son corps. Pourtant, le jeune et déterminé Morihiro ne tarda pas à prouver son courage et à gagner le respect de ses aînés. Il éprouve un sentiment de gratitude lorsqu’il se souvient de la bienveillance dont faisaient preuve à son égard des personnes comme Koichi Tohei et Tadashi Abe.
Les méthodes d’enseignement du fondateur à Iwama étaient très différentes de celles qu’il utilisait durant les années d’avant-guerre. Auparavant, il avait pour habitude de ne montrer les techniques qu’à quelques reprises, avec peu ou pas d’explication, les pratiquants devant tenter ensuite d’imiter ses mouvements. Dans cette manière traditionnelle d’enseigner les arts martiaux, les élèves devaient faire de leur mieux pour « voler » les techniques du professeur. Mais à présent, Morihei Ueshiba pouvait se payer le luxe de consacrer toute son énergie à sa recherche personnelle, entouré seulement de quelques disciples proches.

  • “Lorsque j’y repense, je crois que le cerveau du fondateur fonctionnait comme un ordinateur. Pendant l’entraînement, O-Sensei nous enseignait les techniques qu’il avait développées jusque-là comme s’il les systématisait et les organisait pour lui-même. Lorsque nous devions étudier une technique, nous devions automatiquement apprendre les techniques du même groupe. Si nous débutions par des techniques à genoux, nous devions continuer à ne faire que cela, une technique après l’autre. Quand il introduisait une technique comportant une saisie à deux mains, les techniques suivantes devaient toutes commencer avec la même saisie. O-Sensei nous enseignait deux, trois ou quatre niveaux de techniques. Il commençait par la forme de base et continuait, niveau par niveau, jusqu’à la forme la plus avancée. O-Sensei insistait sur le fait que le moindre détail devait être correct pour que la technique soit effective. Les anciens et les débutants devaient travailler ensemble, ces derniers devant chuter. Lorsque les anciens avaient exécuté la technique à gauche et à droite et que venait le tour des débutants, on passait déjà à une autre technique. Comme il n’avait pas beaucoup d’élèves à cette époque, O-Sensei projetait chacun d’entre nous au moins une fois. Parfois, pendant que quelques anciens pratiquaient avec O-Sensei, nous attendions notre tour pour qu’il vienne nous enseigner individuellement.“

Le poste qu’occupait M. Saito aux Chemins de Fer japonais constituait une aubaine pour son entraînement en aïkido. Son emploi du temps, qui comportait un jour de travail sur deux, lui permettait de consacrer beaucoup de temps au dojo Ueshiba. En conséquence, il fut autorisé à participer aux cours du matin réservés normalement aux élèves internes. Ces pratiques matinales comprenaient environ quarante minutes de prières, assis droit devant l’autel duTemple de l’Aïki, suivies des entraînements aux armes en plein air lorsque les conditions climatiques le permettaient.
A cette étape de sa vie, le fondateur était absorbé par l’étude de l’aïki ken et de l’aïki jo, et se concentrait sur la relation existant entre ces techniques d’armes et les techniques à mains nues. Il travaillait sur les formes de base de l’entraînement aux armes que M. Saito codifiera plus tard selon un programme détaillé, complémentaire à l’étude des techniques à mains nues.

  • “O-Sensei nous disait seulement de venir l’attaquer. C’est ainsi que commençait l’entraînement au sabre. Ayant pratiqué le kendo lorsque j’étais plus jeune, je parvenais tant bien que mal à faire face à la situation. A cette époque, il me demanda de préparer un support pour tanren-uchi (exercice de frappe avec le ken).
    tanren uchi

    Je rassemblai donc du bois et m’en servis pour construire ce support. Mais O-Sensei se mit en colère et le cassa avec son sabre de bois. Il me dit : « Ce bois est trop fin, il ne vaut rien ! » Il fallait que je trouve une solution. Je coupai deux gros morceaux de bois, y enfoncai des clous et les attachai ensemble. Sensei me complimenta pour ce travail. Cependant, même ce support-là ne dura qu’une semaine et nous économisâmes le bois en frappant à différents endroits. Ensuite, après une semaine, je repartis couper du bois pour construire un nouveau support. Il y avait beaucoup d’arbres dans les collines à cette époque. C’est ce système que nous utilisions pour pratiquer la frappe avec le sabre de bois…
    Comme nous progressions, il nous enseigna ce qui est maintenant connu sous le nom de ichi no tachi, ou premier exercice de sabre avec partenaire. Pendant trois ou quatre ans, O-Sensei ne nous enseigna que cette technique. La seule chose que nous faisions à part cela était d’exécuter des frappes sans relâche jusqu’à l’épuisement complet, au point d’en perdre l’équilibre. Lorsque nous en étions réduits à ne plus pouvoir bouger, il faisait signe que cela suffisait et nous laissait partir. Chaque jour, pendant le cours du matin, c’était tout ce que nous faisions. Puis, pendant les dernières années, O-Sensei me donna quasiment des cours particuliers.“

La pauvreté, très répandue au Japon à cette époque, rendit la pratique de plus en plus difficile pour les quelques élèves du dojo d’Iwama. Leurs obligations professionnelles et familiales les forcèrent à abandonner petit à petit la pratique, de sorte qu’ils ne furent que quelques uns à continuer de suivre les cours. Voyant le dévouement de Morihiro et son enthousiasme pour l’entraînement, M. Ueshiba commença à compter de plus en plus sur lui dans sa vie quotidienne. Finalement, il ne resta plus que le jeune Saito à servir le fondateur de manière régulière. Même après son mariage, la passion de Morihiro pour l’entraînement ne faiblit pas. En fait, sa jeune femme se mit également au service des Ueshiba et prit personnellement soin de Hatsu, l’épouse âgée de O-Sensei.

  • “En fin de compte, il ne resta plus qu’un petit nombre d’anciens de la région et moi-même. Mais ceux-ci, après s’être mariés, ne pouvaient plus venir au dojo car il leur fallait travailler dur. Quand Sensei était là, nous ne savions jamais à quel moment il aurait besoin de nous. Même si nous avions déjà fait appel à un voisin pour nous aider à battre le riz, les conséquences étaient fâcheuses si nous ne venions pas quand Sensei nous appelait !
    Finalement, plus aucun élève ne vint au dojo car il fallait qu’ils s’occupent de leurs propres familles. Bien qu’allant travailler un soir sur deux, je pouvais continuer car j’étais libre pendant la journée. J’avais de la chance d’avoir un travail, sinon je n’aurais pas pu continuer. Je pouvais vivre sans recevoir d’argent de la part de O-Sensei, car j’étais payé par la Société Nationale japonaise des Chemins de Fer. O-Sensei avait de l’argent, mais pas les élèves de la région. S’ils étaient venus chez Sensei, ils n’auraient pas eu de revenus et n’auraient pas pu cultiver de riz pour permettre à leurs familles de subsister.
    Etre au service du fondateur était une tâche extrêmement dure, même pour ceux qui désiraient étudier un art martial. O-Sensei n’ouvrait son cœur qu’à ceux de ses élèves qui n’hésitaient pas à se salir en l’aidant dans les champs de l’aube au crépuscule, qui lui massaient le dos, qui étaient prêts à le servir au péril de leur vie. Comme j’étais utile à O-Sensei, de bon cœur il m’enseigna tout.“

Le fondateur montra largement toute l’affection qu’il portait au jeune Saito ainsi que la confiance qu’il lui accordait. Après que Morihiro fût intervenu pour lui permettre de résoudre une querelle concernant un terrain, O-Sensei lui offrit une parcelle sur les terres Ueshiba. C’est là que M. Saito construisit sa maison et qu’avec sa femme et ses enfants, il vécut et servit le fondateur.

L’enseignement de Morihiro SAITO Sensei

A la fin des années cinquante, les années d’entraînement intensif sous la tutelle directe du fondateur avaient transformé M. Saito en un homme puissant, qui était aussi l’un des meilleurs instructeurs de l’Aïkikaï. Il enseignait régulièrement au dojo d’Iwama quand M. Ueshiba était absent et on lui demanda de remplacer Koichi Tohei dans son dojo d’Utsunomiya quand ce dernier fit le voyage à Hawai pour enseigner l’aïkido. Vers 1960, M. Saito se mit également à donner des cours hebdomadaires à l’Aïkikaï de Tokyo. Il y était le seul instructeur, hormis le fondateur lui-même, à pouvoir enseigner les armes de l’aïkido. Ses cours étaient parmi les plus populaires du centre mondial. Le dimanche matin, pendant de nombreuses années, les élèves de Tokyo vinrent pratiquer les techniques à mains nues et les armes sous sa direction.
Après la mort du fondateur le 26 Avril 1969, M. Saito devint l’instructeur principal du dojo d’Iwama ainsi que le gardien du temple de l’aïkido tout proche. Il avait servi le fondateur avec dévouement pendant vingt-quatre ans et la mort de O-Sensei ne fit que renforcer sa résolution de tout faire pour garder intact l’aïkido hérité de Morihei Ueshiba.
Dans les années soixante-dix, la publication par M.  Saito de Traditionnal Aikido, une série de cinq manuels techniques qui font référence, contribua à lui assurer la réputation de meilleur technicien de cet art martial. Ces livres contiennent des centaines de techniques à mains nues, à l’aïki ken et à l’aïki jo, et comprennent les contre-techniques. Ils présentent aussi un système de classification et de nomenclature pour les techniques d’aïkido, système qui est maintenant largement utilisé à travers le monde. De plus, la série de films qui compléta les livres reçut un accueil enthousiaste.
En 1974, M. Saito fit son premier voyage à l’étranger pour diriger une série de stages en Californie. Pour la première fois, un grand nombre de pratiquants étrangers put constater directement les connaissances encyclopédiques de M. Saito en matière de techniques d’aïkido. La clarté de son programme d’enseignement, qui inclut des méthodes telles que l’exécution décomposée de nombreux mouvements et techniques, lui valut les éloges répétés des stagiaires.
M. Saito a pris sa retraite de la Société Nationale japonaise des Chemins de Fer au milieu des années soixante-dix, après trente ans de service. Libre de voyager et de consacrer tout son temps à l’aïkido, il a effectué à ce jour plus de cinquante déplacements à l’étranger pour diriger des stages. Au fil des ans, M. Saito a formé de nombreux instructeurs qui enseignent sa forme d’aïkido à l’extérieur du Japon.

Couramment appelée « Aïkido d’Iwama« , cette forme d’aïkido est devenue synonyme d’un entraînement où l’on met autant l’accent sur les techniques à mains nues que sur les techniques d’armes, contrairement à beaucoup d’écoles où seules les techniques à mains nues sont enseignées. De nombreux pratiquants à travers le monde suivent le programme d’enseignement de M. Saito, notamment aux Etats-Unis, en Italie, en Allemagne, au Danemark, enAustralie, en Angleterre, en Suède, au Portugal et en France.

L’autre conséquence de la popularité des livres de M. Saito et de ses nombreux voyages hors du Japon a été le défilé ininterrompu d’aïkidoka venus d’autres pays pour s’entraîner et vivre dans le dojo d’Iwama. Cette possibilité de vivre dans le dojo donne aux participants l’occasion de bénéficier d’un entraînement intensif et d’apprendre le maniement du ken et du jo. Ces vingt dernières années, des milliers d’élèves ont ainsi fait le voyage au Japon pour venir étudier sous la direction de M. Saito. Au dojo d’Iwama, le nombre de pratiquants étrangers dépasse souvent celui des pratiquants japonais.

Aujourd’hui, Morihiro Saito continue d’assurer les cours six jours par semaine. Les entraînements qu’il dirige le matin, réservés aux élèves internes, sont consacrés au ken et au jo. L’étude des techniques à mains nues se fait pendant ses cours du soir, qui peuvent être suivis par tous les pratiquants du dojo d’Iwama. Le dimanche matin, M. Saito donne un cours pour tous et enseigne l’aïki ken et l’aïki jo en plein air si le temps est suffisamment clément. Par ailleurs, il organise sur place de nombreuses sessions d’entraînement pour les clubs d’aïkido des universités japonaises, perpétuant ainsi une pratique qui existait déjà du temps du fondateur.

En tant que chef de file des instructeurs d’aïkido, Morihiro Saito doit sans doute son succès à son approche unique qui marie tradition et modernisme. En même temps qu’il a voué sa vie à garder intact l’héritage technique du fondateur, il a fait preuve d’une grande créativité en élaborant une classification des centaines de techniques d’armes ou à mains nues avec leurs interactions. Il a également conçu de nombreuses méthodes d’entraînement fondées sur des principes pédagogiques modernes afin d’accélérer le processus d’apprentissage. Aujourd’hui, dans le monde de l’aïkido, les pratiquants ont de plus en plus tendance à considérer cet art comme étant d’abord un « système de santé » et dans de nombreux dojos l’efficacité de la technique est peu mise en avant. Dans un tel contexte, la puissance et la précision technique de Morihiro Saito font exception. Grâce à ses efforts, ainsi qu’à ceux de quelques autres professeurs dévoués, l’aïkido peut encore être considéré comme un véritable art martial.

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